Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/63

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impartiales se trouvent fortement exprimées dans le passage suivant : « Le préfet Juventius faisait jouir ses provinces de l’abondance et de la paix ; mais la tranquillité de son gouvernement fut bientôt troublée par la sédition sanglante d’une multitude égarée. L’ardeur avec laquelle Damase et Ursin se disputaient le siége épiscopal, surpassait la mesure ordinaire de l’ambition humaine ; ils s’attaquaient avec la fureur attachée aux partis, et ne se soutenaient qu’au prix du sang et de la vie de leurs adhérens. Le préfet ne pouvant ni réprimer ni apaiser le tumulte, fut contraint par la force de se réfugier dans les faubourgs. Après un combat opiniâtre, la faction de Damase obtint une victoire complète. On trouva le lendemain cent trente-sept corps morts[1] dans la basilique de Sicinius[2], où les chrétiens

  1. Saint Jérôme lui-même est forcé d’avouer, crudelissimæ interfectiones diversi sexûs perpetratæ (in Chron., p. 186). Mais l’original d’un libelle, ou une requête de deux prêtres du parti adverse, a échappé, on ne sait comment, à la proscription. Ils assurent que les portes de la basilique furent brûlées, et que la voûte fût découverte ; que Damase fit son entrée à la tête de son clergé, des fossoyeurs, des conducteurs de chars et d’un nombre de gladiateurs qu’il avait loués ; qu’aucun de son parti ne perdit la vie, et qu’on trouva cent soixante corps morts. Le père Sirmond a publié cette requête dans le premier volume de ses ouvrages.
  2. La basilique de Sicinius ou Liberius est probablement l’église de Sainte-Marie majeure, sur le mont Esquilin. (Ba-