Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/65

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modestes agréables aux regards de la Divinité et de ses véritables adorateurs[1] ! » Le schisme d’Ursin et de Damase fut éteint par l’exil du premier, et la sagesse du préfet Prætextatus rétablit la tranquillité[2]. Prætextatus était un philosophe païen, plein d’érudition, de goût et de politesse. Ce fut un reproche caché sous la forme d’une plaisanterie, que la promesse qu’il fit à Damase de se faire chrétien sur-le-champ si on voulait lui donner l’évêché de Rome[3]. Ce tableau de l’opulence et du luxe des papes, dans le quatrième siècle, et d’autant plus digne d’attention, qu’il représente le degré intermé-

  1. Ammien, XXVII, 3. Perpetuo Numini, verisque ejus cultoribus. Admirable complaisance d’un polythéiste !
  2. Ammien, qui fait un tableau brillant de sa préfecture, l’appelle præclaræ indolis gravitatisque senator (XXII, 7, et Valois, ad loc.) Une inscription curieuse (Gruter MCII, no 2) relate sur deux colonnes les dignités religieuses et civiles dont il fut successivement revêtu. Sur l’une on trouve qu’il fut grand-prêtre du Soleil et de Vesta, augure, quindecemvir, hiérophante, etc., etc. Sur l’autre sont les titres 1o. de questeur candidat, probablement titulaire, 2opréteur, 3ocorrecteur de la Toscane et de l’Ombrie, 4o. consulaire de Lusitanie, 5oproconsul d’Achaïe, 6opréfet de Rome, 7opréfet du prétoire d’Italie, 8o. de l’Illyrie, 9oconsul élu ; mais il mourut avant le commencement de l’année 385. Voy. Tillemont, Hist. des emper., t. V, p. 241-736.
  3. Facile me Romanæ urbis episcopum., et ero protinùs christianus. (Saint Jérôme, t. II, p. 165.) On peut présumer que Damase n’aurait pas voulu acheter sa conversion à ce prix.