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Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 5.djvu/73

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fester par la magnifique représentation des jeux triomphaux[1]. Mais le sage monarque, au lieu d’entreprendre la conquête de l’Allemagne, réserva toute son attention pour l’importante et difficile défense des frontières de la Gaule, contre un ennemi dont les forces étaient sans cesse recrutées par une foule d’intrépides volontaires qui accouraient sans cesse des tribus les plus reculées vers le nord[2].

  1. Ammien raconte l’expédition de Valentinien (XXVII, 10), et Ausone la célèbre (Mosell., 421, etc.). Il suppose ridiculement que les Romains ne connaissaient pas les sources du Danube.
  2. Immanis enim natio, jam inde ab incunabulis primis varietate casuum imminuta ; ita sæpiùs adolescit, ut fuisse longis sæculis æstimetur intacta. Ammien, XXVIII, 5. Le comte du Buat (Hist. des peuples de l’Europe, t. VI, p. 370) attribue la population des Allemands à la facilité avec laquelle ils adoptaient des étrangers (*).
    (*) « Cette explication, dit M. Malthus, ne fait que reculer la difficulté. Elle place la terre sur une tortue, sans nous apprendre sur quoi la tortue repose. Nous pouvons toujours demander quel était cet intarissable réservoir du Nord, d’où sortait sans cesse un torrent d’intrépides guerriers ? Je ne pense pas qu’on puisse admettre la solution que Montesquieu a donnée de ce grand problème (Voy. Grandeur et Décadence des Romains, c. 16, p. 187.) La difficulté disparaîtra si nous appliquons aux nations de l’ancienne Germanie un fait bien observé en Amérique, et généralement connu : je veux dire, si nous supposons que lorsque la guerre et la famine n’y mettaient point d’obstacles, leur nombre croissait au point de doubler en vingt-cinq ou trente ans. La convenance et même la nécessité de cette application résultent du tableau des mœurs des Germains, tracé par la main de Tacite (Voy. Tacit., De Mor. German., c. 16, 18, 19, 20.)… Des mœurs si favorables à la population, jointes à cet esprit d’entreprise et d’émigration, si propre à écarter la crainte du besoin, présentent l’image d’une société douée d’un principe d’accroissement irrésistible. Elles nous montrent l’inta-