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qui passaient pour les complices de cette prétendue imposture ; deux autres eurent la langue arrachée par ordre exprès de l’empereur ; et Romanus, enorgueilli par l’impunité, irrité par la résistance, conserva son commandement militaire jusqu’au moment où les Africains, poussés à bout par ses vexations, entrèrent dans la révolte du More Firmus[1].

Révolte de Firmus. A. D. 372.

Son père Nabal était un des plus riches et des plus puissans princes mores qui reçussent la loi des Romains. Ses femmes et ses concubines lui avaient donné une postérité nombreuse, qui, après sa mort, se disputa sa riche succession ; et Zamma, l’un de ses fils, fut tué dans une querelle par son frère Firmus. Le zèle avec lequel Romanus poursuivit la vengeance de ce meurtre, ne peut guère s’attribuer qu’à des motifs d’avarice ou de haine personnelle ; mais pour cette fois il avait la justice de son côté ; son influence était puissante, et Firmus comprit qu’il fallait ou porter sa tête au bourreau, ou appeler au peuple et à son épée de la sentence du consistoire impérial. Il fut reçu comme le libérateur de son pays[2]. Dès que les Africains s’aperçurent que Ro-

  1. Ammien, XVIII, 6. Tillemont (Hist. des empereurs, t. V, p. 25, 676) a discuté les difficultés chronologiques de l’histoire du comte Romanus.
  2. La chronologie d’Ammien est vague et obscure ; et Orose (l. VII, c. 33, p. 551, éd. de Havercamp) semble placer la révolte de Firmus après la mort de Valentinien et de Valens. Tillemont (Hist. des emper., t. V, p. 691) tra-