Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 6.djvu/103

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offrit à son épouse, selon l’usage des Barbares, étaient composés des plus magnifiques dépouilles du pays de Placidie[1]. Cinquante jeunes hommes de la plus belle figure et vêtus de robes de soie, portaient un bassin dans chaque main : l’un était rempli de pièces d’or, et l’autre de pierreries d’un prix inestimable. Attale, si long-temps le jouet de la fortune et des Goths, conduisait le chœur qui faisait entendre le chant d’hyménée, et cet empereur déposé aspirait peut-être à la gloire d’être regardé comme un habile musicien. Les Barbares jouissaient avec orgueil de leur triomphe, et les habitans du pays se félicitaient d’une alliance qui, par l’influence de l’amour et de la raison, pourrait adoucir la fierté du Barbare qu’ils avaient pour maître[2].

  1. Les Visigoths, sujets d’Adolphe, mirent depuis des bornes à la prodigalité de l’amour conjugal. Un mari ne pouvait légalement faire des dons ou des constitutions au profit de sa femme dans la première année de son mariage, et sa libéralité ne pouvait, dans aucun temps, passer la dixième partie de sa fortune. Les Lombards furent un peu plus indulgens. Ils permettaient le morgingcap le lendemain de la consommation du mariage ; et ce don fameux, la récompense de la virginité, pouvait être du quart de la fortune du mari. Quelques épousées prenaient, à la vérité, la précaution de stipuler la veille un présent qu’elles savaient ne pas mériter. Voyez Montesquieu, Esprit des Lois, l. XIX, c. 25 ; Muratori, delle antichita Italiane, l. I ; Dissertazion., XX, p. 243.
  2. Nous devons le détail de cette fête nuptiale à l’historien Olympiodore, apud Photium, p. 185-188.