Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 6.djvu/131

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norius. Virgile eut bien de la peine à sauver sa vie des fureurs du centurion qui s’empara de sa ferme de Mantoue[1] ; et Paulin de Bordeaux reçut du Goth qui s’établit dans sa maison, une somme d’argent qu’il accepta avec autant de joie que de surprise, quoiqu’elle fût très-inférieure au prix de son bien. La violence, du moins dans cette occasion, chercha à se déguiser sous le masque de la modération et de l’équité[2]. À l’odieux nom de conquérans on substitua la douce et amicale dénomination d’hôtes des Romains ; et les Barbares de la Gaule, particulièrement les Goths, déclarèrent à plusieurs reprises qu’ils étaient attachés aux peuples par les liens de l’hospitalité, et à l’empereur par ceux du devoir et de l’obéissance militaire. On reconnaissait, on respectait encore dans les provinces de la Gaule cédées aux Barbares, le titre d’Honorius et de ses successeurs, leurs lois, leurs magistrats civils ; et les rois,

  1. O Lycida ! vivi pervenimus : advena nostri
    (Quod numquam veriti sumus) ut possessor agelli
    Diceret : Hæc mea sunt ; veteres migrate coloni.
    Nune victi tristes
    , etc.

    Voyez la neuvième églogue tout entière, avec l’utile Commentaire de Servius. On assigna aux vétérans quinze milles du territoire de Mantoue, avec une réserve de trois milles autour de la ville en faveur des habitans ; et même Alfenus Varus, fameux jurisconsulte, et l’un des commissaires nommés dans cette occasion, les frauda en partie de ce qui leur était laissé, en y comprenant huit cents pas d’eau et de marais.

  2. Voyez le passage remarquable de l’Eucharisticon de Paulin, 575, apud Mascou. l. VIII, c. 42.