Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 6.djvu/133

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cette dénomination les contrées maritimes de la Gaule entre la Seine et la Loire[1]. Les habitans chassèrent les magistrats romains qui commandaient sous l’autorité de l’usurpateur Constantin, et établirent un gouvernement libre chez un peuple qui obéissait depuis si long-temps au despotisme d’un maître. Honorius, empereur légitime de l’Occident, confirma bientôt l’indépendance de la Bretagne et de l’Armorique, et les lettres que le fils de Théodose écrivit à ces nouveaux états, et dans lesquelles il les abandonnait à leur propre défense, peuvent être considérées comme une renonciation formelle aux droits et à l’exercice de la souveraineté. L’événement justifia en quelque manière cette interprétation. Lorsque tous les usurpateurs eurent succombé, l’empire reprit la possession des provinces maritimes ; mais leur soumission fut toujours imparfaite et précaire. Le caractère vain et inconstant de ces peuples, et leurs dispositions turbulentes, étaient également incompatibles avec la servitude et avec la liberté[2]. L’Armorique ne put conserver long--

  1. MM. de Valois et d’Anville, géographes nationaux, fixent les limites de l’Armorique dans leurs Notitiæ de l’ancienne Gaule. Le pays connu sous ce nom avait eu une beaucoup plus grande étendue que celle qu’ils lui assignent, et en eut par la suite une beaucoup moins considérable.
  2. Gens inter geminos notissima clauditur amnes,
    Armoricana prius veteri cognomine dicta.
    Torva, ferox, ventosa, procax, incanta, rebellis,
    Inconstans, disparque sibi novitatis amore ;
    Prodiga verborum, sed non et prodiga facti.

    Erricus, Monach. in vit. S. Germani, l. V, apud Valois,