Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 6.djvu/173

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culier au gouverneur de Syrie ; et comme le peuple aurait pu s’opposer au départ de son prédicateur favori, on le transporta secrètement, dans un chariot de poste, d’Antioche à Constantinople. Le consentement unanime et spontané de la cour, du clergé et du peuple, ratifia le choix du ministre, et les vertus et l’éloquence de l’archevêque surpassèrent tout ce qu’en attendait le public. Né dans la capitale de la Syrie, d’une famille noble et opulente, saint Chrysostôme avait été élevé par une mère tendre, sous la conduite des maîtres les plus habiles. Il fit son cours de rhétorique à l’école de Libanius ; et ce philosophe célèbre, qui découvrit bientôt les talens de son disciple, déclara que Jean aurait été digne de lui succéder, s’il ne se fût pas laissé séduire par les chrétiens. Sa piété le disposa de bonne heure à recevoir le sacrement de baptême, à renoncer à la profession honorable et lucrative de la jurisprudence, et à s’enfoncer dans le désert voisin, où il dompta la fougue de ses sens par une pénitence austère de six années. Ses infirmités le ramenèrent malgré lui dans le monde, et l’autorité de Mélèce dévoua ses talens au service de l’Église ; mais au milieu de sa famille, et ensuite sur le siége archiépiscopal, saint Chrysostôme pratiqua toujours les vertus monastiques. Il employa à fonder des hôpitaux les revenus que ses prédécesseurs dissipaient dans un luxe inutile ; et la

    exactitude d’un éditeur, a découvert plusieurs nouvelles homélies, et a revu et composé une seconde Vie de saint Chrysostôme. Opera Chrysostom., t. XIII, p. 91-177.