Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 6.djvu/179

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

de l’impératrice, Théophile débarqua dans le port de Constantinople, accompagné d’une nombreuse troupe de mariniers pour dissiper la populace, et d’une longue suite d’évêques, ses suffragans, pour s’assurer la majorité des voix dans le synode[1]. On assembla ce synode dans le faubourg de Chalcédoine, surnommé le Chêne, où Rufin avait construit une vaste église et un monastère. Les séances continuèrent durant quatorze jours, un évêque et un diacre se portèrent pour accusateurs de l’archevêque de Constantinople ; mais les quarante-sept articles des griefs frivoles ou improbables qu’ils présentèrent contre ce prélat, peuvent être considérés comme un panégyrique de l’espèce la plus irrécusable. Saint Chrysostôme fut cité quatre fois à comparaître ; mais il refusa toujours de confier sa personne et sa réputation à la haine implacable de ses ennemis, qui abandonnèrent prudemment l’examen des accusations, le condamnèrent comme rebelle et contumace, et prononcèrent précipitamment contre lui une sentence de déposition. Le synode du Chêne fit demander immédiatement à l’empereur la ratification et l’exécution de la sentence, et insinua charitablement qu’on pouvait punir comme coupable de lèse-ma-

  1. Photius (p. 53-60) a conservé les actes originaux du synode du Chêne ; et ils prouvent qu’on a mal à propos prétendu que saint Chrysostôme n’avait été condamné que par trente-six évêques, dont vingt-neuf étaient Égyptiens. Quarante-cinq évêques souscrivirent la sentence. Voyez Tillemont, Mém. eccl., t. XI, p. 595.