Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 6.djvu/18

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écrit son histoire, a récapitulé avec soin tous les honneurs et les titres dont avait hérité cette sainte, et dont elle faisait peu de cas. La généalogie de son père Rogatus, qui remontait jusqu’à Agamemnon, pourrait faire soupçonner une origine grecque ; mais sa mère Blœsile comptait Paule Emile, les Scipions et les Gracques au nombre de ses ancêtres ; et Toxotius, le mari de Paula, tirait sa royale origine d’Énée, tige de la race Julienne. Les citoyens opulens voulaient être nobles, et satisfaisaient leur vanité par ces hautes prétentions. Encouragés par les applaudissemens de leurs parasites, ils en imposaient aisément à la crédulité du peuple, et l’ancienne coutume d’adopter le nom de son patron, qui avait toujours été suivie par les cliens et les affranchis des familles illustres, favorisait en quelque façon cette supercherie. La plupart de ces anciennes familles, soumises à tant de causes de destruction, soit intérieures, soit étrangères, s’étaient successivement éteintes ; et l’on aurait trouvé plus aisément sans doute une filiation de vingt générations dans les montagnes des Alpes ou dans les contrées paisibles de l’Apulie, qu’à Rome, théâtre des coups de la fortune, des dangers et des révolutions. Sous chaque règne, une foule d’aven-

    Soboles Scipionum, Pauli hæres, cujus vocabulum trahit, Martiæ Papyriæ Matris Africani, vera et germana propago. Cette description particulière suppose un titre plus solide que le surnom de Jules que Toxotius partageait avec mille familles des provinces de l’Occident. Voyez l’Index de Tacite, des Inscriptions de Gruter, etc.