Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 6.djvu/188

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et remplit avec une fidélité sans exemple les devoirs de tuteur de Théodose. La sagesse et les armes du roi de Perse protégèrent l’enfance de l’empereur romain. Tel est l’étrange récit de Procope ; et Agathias[1] n’en conteste point la vérité, quoiqu’il ne soit pas de l’avis de Zosime, et qu’il blâme l’empereur romain d’avoir confié si imprudemment, quoique avec succès, son fils et son empire à la foi inconnue d’un étranger, d’un rival et d’un païen. À cent cinquante ans de distance, on pouvait débattre cette question politique à la cour de Justinien ; mais un historien sage ne s’arrêtera point à discuter le plus ou le moins de prudence du testament d’Arcadius avant de s’être convaincu de son authenticité. Comme l’histoire du monde entier n’offre rien de semblable, on peut raisonnablement exiger qu’un fait si extraordinaire soit attesté par les contemporains. L’événement qui excite nos doutes aurait dû, par sa nouveauté, attirer leur attention ; et leur silence universel anéantit cette vaine tradition, recueillie dans l’âge suivant.

Administration d’Anthemius. A. D. 408-415.

Si l’on eût pu appliquer au gouvernement les maximes que professait la jurisprudence romaine à l’égard des affaires particulières, elles auraient donné

  1. Agath., l. IV, p. 136-137. Quoiqu’il adopte la vérité de cette tradition, il assure que Procope est le premier qui en ait consacré la mémoire dans ses écrits. Tillemont (Hist. des emper., t. VI, p. 597) évalue très-judicieusement cette fable. Sa critique n’a été retenue par aucune autorité ecclésiastique ; Procope et Agathias étaient l’un et l’autre à moitié païens.