Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 6.djvu/190

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par le soin qu’il prit du jeune Théodose, et l’étendue de ses talens par la fermeté avec laquelle il conduisit l’administration difficile d’une minorité. Uldin campait au milieu de la Thrace avec une nombreuse armée de Barbares, rejetait insolemment toutes les propositions de paix, et disait aux ambassadeurs romains y en leur montrant le soleil levant, que les conquêtes des Huns ne se termineraient qu’avec le cours de cet astre. Mais abandonné de ses alliés, que l’on eut soin de convaincre chacun en particulier de la justice et de la libéralité des ministres impériaux, il fut obligé de repasser le Danube. La tribu des Scyrres, qui formait son arrière-garde, fut presque entièrement détruite ; et l’on dispersa plusieurs milliers de captifs dans les plaines de l’Asie[1], où ils servirent utilement aux travaux de l’agriculture. Au milieu de la victoire, Anthemius ne négligea point les précautions ; il fit environner Constantinople d’un nouveau mur plus épais et plus élevé. Ses soins vigilans s’étendirent aux fortifications des villes d’Illyrie, et il conçut un plan sagement combiné, qui, établissant sur le Danube, en l’espace de sept années, une flotte de deux cent cinquante vaisseaux[2] toujours armés, aurait défendu invinciblement le passage de ce fleuve.

  1. Sozomène, l. IX, c. 5. Il vit quelques Scyrres qui travaillaient sur le mont Olympe, en Bithynie, et se plut à croire, sans aucun fondement, qu’ils étaient les derniers de leur nation.
  2. Cod. Théod., l. VII, tit. 17 ; l. XV, lit. I, leg. 49.