Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 6.djvu/200

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de la satisfaction de rapporter à Constantinople les chaînes de saint Pierre, le bras droit de saint Étienne, et le véritable portrait de la Vierge, peint par saint Luc[1] ; mais ce pèlerinage marqua le terme fatal de la gloire et de la prospérité d’Eudoxie. Rassasiée d’une vaine représentation, oubliant peut-être les obligations qu’elle avait à la sœur de Théodose, elle eut l’ambition de gouverner l’empire. Le palais fut troublé des différends de deux femmes ; mais l’ascendant de Pulchérie décida la victoire. L’exécution de Paulin, maître des offices, et la disgrâce de Cyrus, préfet du prétoire de l’Orient, apprirent au public que la faveur d’Eudoxie ne suffisait pas pour protéger ses plus fidèles amis ; et la rare beauté de Paulin fit soupçonner que son crime était celui d’un amant heureux[2]. Dès que l’impératrice s’aperçut qu’elle avait perdu irrévocablement la tendresse et la confiance de Théodose, elle demanda la permission de se retirer à Jérusalem. L’empereur la lui

  1. Baronius (Annal. eccles., A. D. 438, 439) est abondant et pompeux ; mais on l’accuse de confondre les traditions mensongères des différens âges sous une même apparence d’authenticité.
  2. Dans ce récit abrégé de la disgrâce d’Eudoxie, j’ai imité la circonspection d’Evagrius (l. I, c. 21) et du comte Marcellin (in Chron., A. D. 440-444). Les deux dates authentiques fixées par le dernier, détruisent une grande partie des fictions des Grecs ; et la fameuse histoire de la Pomme, etc., n’est propre qu’à figurer dans les Mille et une Nuits, où l’on trouve une histoire qui n’en diffère pas beaucoup.