Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 6.djvu/214

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aisément reconnaître pour souverain légitime du monde romain. Peut-être se laissa-t-il éblouir un moment par cette perspective d’une domination sans bornes ; mais l’indolence de son caractère le ramena bientôt aux principes d’une saine politique. Satisfait de posséder l’empire d’Orient, il abandonna prudemment la tâche pénible de soutenir au-delà des Alpes une guerre dangereuse contre les Barbares, et de veiller sans cesse sur la soumission de l’Afrique et de l’Italie, aliénées depuis long-temps par la différence du langage et des intérêts. Au lieu d’écouter la voix de l’ambition, il résolut d’imiter la modération de son aïeul, et de placer son cousin Valentinien sur le trône de l’Occident. Le prince enfant avait d’abord été distingué à Constantinople par le titre de nobilissimus. Avant de quitter Thessalonique, il fut élevé au rang et à la dignité de César ; et après la conquête de l’Italie, le patrice Hélion, par l’autorité de Théodose, et en présence du sénat, salua Valentinien III du titre d’Auguste, et le revêtit solennellement de la pourpre et du diadème[1]. Les trois sœurs qui gouvernaient le monde chrétien fiancèrent le fils de Placidie avec Eudoxie, fille de Théodose et d’Athénaïs ; et, dès que l’un et l’autre eurent atteint

  1. Les écrivains contemporains diffèrent sur le lieu où Valentinien III reçut le diadème ; les uns disent que ce fut à Ravenne et les autres à Rome. Voyez Muratori, Annali d’Italia, t. IV, p. 139. Dans cette incertitude, je me plais à croire que l’on montra quelque considération pour le sénat.