Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 6.djvu/24

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à un tiers de la somme précédente. En comparaison de ces fortunes énormes, un revenu de mille ou quinze cents livres pesant d’or pouvait paraître comme suffisant à peine à la dignité de sénateur, qui exigeait beaucoup de dépenses publiques et de représentation. On cite plusieurs exemples de nobles fastueux et jaloux de la popularité, qui, sous le règne d’Honorius, célébrèrent l’anniversaire de leur préture par une fête dont la durée fut de sept jours, et la dépense de plus de cent mille livres sterling[1]. Les domaines des sénateurs romains, qui excédaient si considérablement les bornes des fortunes modernes,

  1. Les fils d’Alypius, de Symmaque et de Maxime, dépensèrent durant le temps de leur préture douze ou vingt ou quarante centenaires, ou cent livres pesant d’or. Voyez Olympiodore, apud Phot., p. 197. Cette estimation populaire laisse quelque latitude ; mais il est assez difficile d’expliquer une loi du code de Théodose (l. VI, leg. 5), qui fixe la dépense du premier préteur à vingt-cinq mille folles, celle du second à vingt mille, et celle du troisième à quinze mille. Le nom de follis (voyez Mém. de l’Acad. des Inscrip., t. XXVIII, p. 727) s’appliquait également à une bourse de cent vingt-cinq pièces d’argent, et à une petite monnaie de cuivre de la valeur de la deux mille six cent vingt-cinquième partie de cette bourse. Dans le premier sens, les vingt-cinq mille folles auraient été égales à cent cinquante mille livres sterling ; dans le dernier, elles n’en auraient valu que cinq ou six. Le premier serait extravagant, et le second ridicule. Il faut qu’il ait existé quelque valeur moyenne, désignée aussi sous le nom de folles, dont il serait question ici ; mais l’ambiguïté est une faute inexcusable dans l’expression d’une loi.