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sixième siècle. Leur légende fut traduite du syriaque en latin par les soins de saint Grégoire de Tours. Les communions opposées de l’Orient en conservent la mémoire avec la même vénération, et les noms des dormans sont honorablement inscrits dans les calendriers des Romains, des Russes[1] et des Abyssins. Leur renommée a passé les limites du monde chrétien. Mahomet a placé dans le Koran, comme une révélation divine, ce conte populaire, qu’il apprit sans doute en conduisant ses chameaux à la foire de Syrie[2]. L’histoire des sept dormans d’Éphèse a été adoptée et embellie depuis le Bengale jusqu’à l’Afrique, par toutes les nations qui professent la

    cependant qu’Assemanni eût traduit le texte de Jacques de Sarug, au lieu de répondre aux objections de Baronius.

  1. Voyez Acta Sanctorum des bollandistes, mensis julii, t. VI, p. 375-397. Cet immense calendrier de saints, fait en cent vingt-six ans (1644-1770) et en cinquante volumes in-folio, n’a pas été poussé plus loin que le 7 d’octobre. La suppression des jésuites a probablement fait abandonner une entreprise qui, à travers beaucoup de fables et de fanatisme, ne laissait pas de fournir beaucoup de lumières à l’histoire et d’aperçus à la philosophie.
  2. Voyez Maracci, Alcoran, Sura, XVIII, t. II, p. 420-427, et t. I, part. 4, p. 103. Avec un si beau champ pour l’invention, Mahomet n’a montré ni goût ni intelligence : il a inventé le chien des sept dormans (Al Rakim), le respect du soleil, qui se dérangeait deux fois par jour de son cours ordinaire pour ne pas éclairer la caverne ; et le soin de Dieu même, qui retournait de temps en temps les dormeurs du côté droit sur le gauche, pour préserver leurs corps de la putréfaction.