Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 6.djvu/274

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mille livres d’or pour l’indemniser des frais de la guerre, ou remplacer le vol qui en avait été le prétexte. On imaginerait peut-être que l’opulent empire d’Orient acquitta sans peine une demande qui égalait à peine la fortune de certains particuliers ; mais la difficulté de réaliser cette faible somme offrit une preuve frappante du dépérissement ou du désordre des finances. Une grande partie des contributions qu’on arrachait au peuple, était interceptée par les manœuvres les plus coupables, et n’arrivait point dans le trésor impérial. Théodose dissipait son revenu avec ses favoris, en profusions et en faste inutile, toujours déguisés sous le nom de magnificence impériale, ou de charité chrétienne. Les ressources actuelles avaient toutes été épuisées par la nécessité imprévue de préparatifs militaires. On ne put trouver d’autre expédient, pour satisfaire sans délai l’avarice et l’impatience d’Attila, qu’une contribution personnelle et rigoureuse sur l’ordre des sénateurs, et elle fut imposée arbitrairement. La pauvreté des nobles les réduisit à l’humiliante nécessité d’exposer publiquement en vente les bijoux de leurs femmes et les ornemens héréditaires de leurs palais[1]. 3o. Il pa-

  1. Si l’on en croit la description ou plutôt la satire de saint Chrysostôme, une vente des meubles de luxe, communs à Constantinople, devait produire des sommes considérables. Il y avait dans toutes les maisons de citoyens opulens, une table en fer à cheval d’argent massif, que deux hommes auraient eu peine à porter ; un vase d’or massif du poids de quarante liv., des coupes, des plats, etc. du même métal.