Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 6.djvu/277

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recherche fut accordée et infructueuse ; mais avant de rendre deux Barbares qu’ils avaient conservés pour garans de la vie de leurs compatriotes, ils obligèrent les Huns à faire serment qu’ils ne retenaient point d’Azimontins parmi leurs prisonniers. Attila, de son côté, trompé par leurs protestations, crut, comme ils l’assuraient, que le reste des captifs avait été passé au fil de l’épée, et qu’ils étaient dans l’usage de renvoyer sur-le-champ tous les Romains et les déserteurs qui se réfugiaient sous leur protection. Les casuistes blâmeront ou excuseront ce mensonge officieux et prudent, en proportion de ce qu’ils inclineront plus ou moins pour les opinions rigides de saint Augustin ou pour les sentimens plus doux de saint Jérôme ou de saint Chrysostôme[1] ; mais tout militaire et tout homme d’état doit convenir que si l’on eût encouragé et multiplié la race guerrière des Azimontins, les Barbares auraient été bientôt forcés de respecter la majesté de l’empire.

Il aurait été bien étrange qu’en renonçant à l’honneur, Théodose obtînt la certitude d’une paix solide, et que sa timidité le mît à l’abri de nouveaux outrages. Il fut successivement insulté par cinq ou six

  1. La dispute de saint Jérôme et de saint Augustin, qui tâchèrent d’accorder par des moyens différens les apparentes contradictions de saint Pierre et de saint Paul, a pour objet la solution d’une question importante (Œuvr. de Middleton, vol. II, p. 5-10), qui a été souvent agitée par des théologiens catholiques et protestans, et même par des jurisconsultes et des philosophes de tous les siècles.