Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 6.djvu/282

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d’arriver à Naissus. Cette ville florissante, la patrie du grand Constantin, ne présentait plus que des débris renversés dans la poussière. Ses habitans avaient été détruits ou dispersés, et l’aspect de quelques malades, à qui l’on avait permis d’y demeurer au milieu des ruines des églises, augmentait l’horreur de cet affreux spectacle. Les environs étaient couverts d’ossemens humains, tristes restes des malheureux qui avaient été égorgés. Les ambassadeurs, qui dirigeaient leur marche vers le nord-ouest, furent obligés de traverser les montagnes de la Servie avant de descendre dans la plaine marécageuse qui conduit aux rives du Danube. Les Huns, maîtres de la grande rivière, passèrent les ambassadeurs dans de grands canots faits du tronc d’un seul arbre. Les ministres de Théodose descendirent sans accident sur le bord opposé, et les Barbares qui les accompagnaient précipitèrent leur marche vers le camp d’Attila, disposé de manière à servir aux plaisirs de la chasse comme à ceux de la guerre. À peine Maximin avait-il laissé le Danube à deux milles derrière lui, qu’il commença la fatigante épreuve de l’insolence des vainqueurs. Ils lui défendirent durement de déployer ses tentes dans une vallée qui présentait un aspect agréable, mais qui ne se trouvait pas à la distance respectueuse où il devait se tenir de la demeure du monarque. Les ministres d’Attila le pressèrent de leur communiquer les instructions qu’il ne voulait déclarer qu’en présence du souverain. Lorsque Maximin représenta avec modération com-