Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 6.djvu/287

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Ce mur, qui enclavait, à ce qu’il paraît, dans son enceinte le penchant d’une colline, renfermait un grand nombre d’édifices construits en bois, et destinés à différens objets du service du prince. Les nombreuses épouses d’Attila occupaient chacune un bâtiment séparé ; et loin de se montrer astreintes à la retraite rigoureuse imposée aux femmes par la défiante jalousie des Asiatiques, elles reçurent les ambassadeurs romains avec politesse, les admirent à leur table, et même leur permirent de les embrasser en public. Lorsque Maximin offrit ses présens à Cerca, la principale reine, il admira la singulière architecture de sa maison, la hauteur des colonnes rondes, et la beauté des bois, les uns polis, les autres tournés ou ciselés. Les ornemens lui parurent distribués avec goût, et les proportions assez bien observées. Après avoir passé au travers des gardes placés à la porte, les ambassadeurs furent introduits dans l’appartement intérieur de Cerca. L’épouse d’Attila les reçut assise ou plutôt couchée sur un lit moelleux ; des tapis couvraient le plancher ; les domestiques de la reine formaient un cercle autour d’elle, et ses demoiselles d’honneur, assises sur le tapis, s’occupaient à broder les parures des guerriers Barbares. Les Huns aimaient à étaler publiquement des richesses qui étaient en même temps la preuve et la récompense de leurs victoires. Ils ornaient les harnois de leurs chevaux, leurs armes, et jusqu’à leurs chaussures, de plaques d’or incrustées de pierres précieuses ; on voyait sur leurs tables, pro-