Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 6.djvu/294

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vernait l’empereur et l’empire. Après quelques conversations préliminaires et le serment mutuel du secret, l’eunuque, à qui les sentimens de son propre cœur n’inspiraient pas une idée très-exaltée des vertus ministérielles, hasarda de proposer la mort d’Attila comme un service important, au moyen duquel Édecon obtiendrait une part considérable dans les richesses qu’il admirait. L’ambassadeur des Huns prêta l’oreille à cette offre séduisante, et avec toutes les apparences du zèle, se montra rempli d’empressement et sûr de son adresse pour l’exécution de ce projet sanguinaire. On fit part de ce dessein au maître des offices, et le dévot Théodose consentit au meurtre d’un ennemi qu’il n’osait pas combattre. Mais la dissimulation ou le repentir d’Édecon fit échouer ce lâche dessein ; et bien que peut-être la trahison qu’on lui avait proposée ne lui eût pas inspiré d’abord autant d’horreur qu’il le prétendait, il sut du moins se donner tout le mérite d’un aveu prompt et volontaire. Si l’on se rappelle en ce moment l’ambassade de Maximin et la conduite d’Attila, on sera forcé d’admirer un Barbare, qui, respectant les lois de l’hospitalité, reçoit et renvoie généreusement le ministre d’un prince qui a conspiré contre sa vie : mais l’imprudence de Vigilius paraîtra bien plus extraordinaire ; s’aveuglant sur son crime et sur le danger, il revint au camp des Huns, accompagné de son fils et chargé de la

    p. 438.) Sa partialité pour son parrain, l’hérétique Eutychès, l’engagea à persécuter le parti orthodoxe.