Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 6.djvu/309

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pour diriger habilement les opérations d’une guerre importante. À la tête d’une armée de Huns, il avança imprudemment jusqu’aux portes de Toulouse, sans daigner prendre de précautions contre un ennemi dont les revers avaient éveillé la prudence, et à qui sa situation inspirait le courage du désespoir. Les prédictions des augures inspiraient à Litorius une confiance impie : convaincu qu’il devait entrer en vainqueur dans la capitale des Goths, et plein de confiance en ses alliés païens, il refusa toutes les offres de paix que les évêques vinrent plusieurs fois lui proposer au nom de Théodoric. Le roi des Goths montra au contraire, dans cette circonstance dangereuse, autant de piété que de modération, et ne quitta la haire et les cendres qu’au moment de s’armer pour le combat. Ses soldats, enflammés d’un enthousiasme à la fois religieux et militaire, assaillirent le camp de Litorius. Le combat fut opiniâtre, et la perte considérable des deux côtés. Après une défaite totale, dont il ne pouvait accuser que son ignorance et sa témérité, le général romain traversa les rues de Toulouse, non pas en conquérant comme il s’en était flatté, mais prisonnier, à la suite de son vainqueur ; et la misère qu’il éprouva dans sa longue et très-ignominieuse captivité excita même la compassion des Barbares[1]. Une perte si considérable

  1. Salvien a essayé d’expliquer le gouvernement moral de la divinité, tâche très-facile à remplir, en supposant que les calamités des méchans sont des châtimens, et que