Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 6.djvu/332

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cent mille[1]. Ces exagérations peu croyables supposent toujours une assez grande perte, pour prouver, comme le remarque judicieusement un historien, que des générations entières peuvent être englouties dans l’espace d’une heure par l’extravagance des souverains. Après la décharge mutuelle et répétée des flèches et des javelots, dans laquelle les adroits archers de la Scythie purent se montrer avec avantage, la cavalerie et l’infanterie des deux armées se joignirent et combattirent corps à corps. Les Huns, animés par la présence d’Attila, percèrent le centre des alliés, formé de troupes faibles et peu affectionnées, séparèrent les deux ailes, et se tournant sur la gauche avec rapidité, dirigèrent tous leurs efforts contre les Visigoths. Tandis que Théodoric galopait devant les rangs pour animer ses soldats, il tomba de son cheval, mortellement blessé d’un javelot lancé par Andage, Ostrogoth d’une naissance illustre. Dans ce moment de désordre, le monarque blessé fut accablé sous la foule des com-

  1. Les expressions de Jornandès, ou plutôt de Cassiodore, sont très-fortes : Bellum atrox, multiplex, immane, pertinax, cui similia nulla usquam narrat antiquitas : ubi talia gesta referuntur, ut nihil esset quod in vitâ suâ conspicere potuisset egregius, qui hujus miraculi privaretur aspectu. Dubos, Hist. crit., t. I, p. 392, 393, tâche de concilier les cent soixante-deux mille hommes de Jornandès avec les trois cent mille d’Idatius et d’Isidore, en supposant que le plus fort de ces deux nombres comprenait tous ceux qui avaient péri dans cette guerre, soldats ou citoyens, etc. par les armes, les maladies, les fatigues, etc.