Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 6.djvu/347

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mais le petit-fils de Théodose, au lieu de partager le danger, fuyait le bruit des armes ; et sa retraite précipitée de Ravenne à Rome, d’une forteresse imprenable dans une ville ouverte et sans défense, annonçait clairement l’intention d’abandonner l’Italie dès que l’ennemi s’approcherait assez pour menacer sa sûreté personnelle. Cependant l’esprit de doute et de délai qui règne toujours dans les conseils des lâches et en diminue quelquefois la pernicieuse influence, suspendit cette honteuse abdication. L’empereur de l’Occident, le sénat et le peuple de Rome, par une inspiration plus salutaire, se déterminèrent à tâcher d’apaiser la colère d’Attila par l’envoi d’une ambassade solennelle chargée de lui porter leurs supplications. On confia cette importante commission à Avienus, qui, par sa naissance et ses richesses, sa dignité consulaire, le nombre de ses cliens et ses talens personnels, tenait le premier rang dans le sénat de Rome. Le caractère adroit et artificieux d’Avienus[1] était parfaitement appropriée la conduite d’une négociation, soit qu’elle fût relative à des intérêts publics ou particuliers. Son collègue Trigetius avait occupé la place de préfet du prétoire en Italie ; et Léon, évêque de Rome, consentit à hasarder sa vie pour sauver son troupeau. Saint Léon a exercé

  1. Voyez les portraits originaux d’Avienus et de son rival Basile, tracés et mis en opposition dans les épîtres 1, 9, p. 22, de Sidonius. Il avait étudié le caractère des deux chefs du sénat ; mais il s’était attaché à Basile, comme l’ami le plus sincère et le plus désintéressé.