Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 6.djvu/361

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

plus funestes[1] ; et la postérité n’a pu sans doute se défendre de quelque surprise, en voyant se vérifier par la chute de l’empire d’Occident, l’interprétation arbitraire d’une circonstance accidentelle ou fabuleuse ; mais cette chute fut annoncée par des présages plus clairs et plus sûrs que le vol des vautours. Le gouvernement romain devenait tous les jours plus odieux à ses sujets accablés[2], et moins redoutable à ses ennemis. Les taxes se multipliaient avec les malheurs publics ; l’économie était plus négligée à mesure qu’elle devenait plus nécessaire ; l’injustice des riches faisait retomber sur le peuple tout le poids d’un fardeau inégalement partagé, et détournait à leur profit tout l’avantage des décharges qui auraient pu quelquefois soulager sa misère. L’inquisition sévère qui confisquait leurs biens et exposait

  1. Selon Varron, le douzième siècle devait expirer A. D. 447 ; mais l’incertitude de l’époque véritable de la fondation de Rome peut permettre un peu de délai ou d’anticipation Les poètes du siècle attestent cette opinion populaire, et leur témoignage n’est pas récusable :

    Jam reputant annos, interceptoque volatû
    Vulturis, incidunt properatis sæcula metis

    Jam prope fata tui bissenas vulturis alas
    Implebant ; scis namque tuos, scis, Roma, labores.

        Voyez Dubos, t. I, p. 340-346.

  2. Le cinquième livre de Salvien est rempli de lamentations pathétiques et d’invectives véhémentes. Son excessive liberté prouve également la faiblesse et la corruption du gouvernement romain. Il publia son livre après la perte de l’Afrique (A. D. 439), et avant la guerre d’Attila (A. D. 451).