Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 6.djvu/364

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

vers la mer, résolut de se créer une puissance maritime, et exécuta cette grande entreprise avec autant de persévérance que d’activité. Les bois du mont Atlas offraient des matériaux inépuisables ; ses nouveaux sujets étaient également instruits dans l’art de la construction et dans celui de la navigation ; il excita ses intrépides Vandales à se tourner vers un genre de guerre qui devait leur livrer l’entrée de tous les pays maritimes. L’espoir du pillage tenta les Maures et les Africains, et après un intervalle de six siècles, les flottes sorties du port de Carthage régnèrent de nouveau sur la Méditerranée. Les succès des Vandales, la conquête de la Sicile, le sac de Palerme, et des descentes réitérées sur la côte de Lucanie, alarmèrent la mère de Valentinien et la sœur de Théodose. Elles formèrent des alliances et des armemens dispendieux et inutiles pour détruire l’ennemi commun, qui réservait tout son courage pour les dangers qu’il n’avait pu prévenir ou éviter par son adresse. Sa politique fit échouer tous les projets des Romains par des délais artificieux, des promesses équivoques et des concessions apparentes ; et l’apparition de son formidable confédéré le roi des Huns, rappela les empereurs de la conquête de l’Afrique au soin de leur propre sûreté. Les révolutions du palais, qui laissèrent l’empire d’Occident sans défenseur et sans prince légitime, dissipèrent les craintes de Genseric et excitèrent son avidité : il équipa promptement une nombreuse flotte de Maures et de Vandales, et jeta l’ancre à l’entrée du Tibre, environ