Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 6.djvu/377

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et humaines, et la postérité a pu contempler sans terreur le portrait original d’un roi des Goths, que Sidonius a soigneusement examiné au milieu des plaisirs paisibles de la société et de la conversation. Dans une épître datée de la cour de Toulouse, l’orateur donne à l’un de ses amis les particularités suivantes[1] : « Par la majesté de sa personne, Théodoric obtiendrait le respect même de ceux qui ne connaîtraient pas son mérite ; et, né prince, il a par son mérite de quoi s’attirer le respect dans une condition privée. Il a dans sa taille moyenne de l’embonpoint sans trop d’épaisseur, et la juste proportion de ses membres nerveux réunit la force à l’agilité[2]. En le détaillant, vous lui trouvez le front élevé, des sourcils épais, un nez aquilin, des lèvres minces, deux rangées de dents très-belles, et un teint fort blanc, plus fréquemment animé par la modestie que par la colère. Telle est, autant que le public peut en juger, la manière dont il distribue son temps : Théo-

  1. Cette description soignée était sans doute dictée par quelque motif de politique : elle était destinée au public, et les amis de Sidonius l’avaient répandue avant qu’on l’insérât dans la collection de ses épîtres. Le premier livre fut publié séparément. Voyez Tillemont (Mém. ecclés., t. XVI, p. 264).
  2. J’ai supprimé dans le portrait de Théodoric plusieurs circonstances minutieuses et des termes techniques qui ne sont supportables ou même intelligibles que pour ceux qui, comme les contemporains de Sidonius, fréquentaient les marchés où les esclaves étaient exposés nus en vente. Dubos (Hist. crit., t. I, p. 404).