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cultivaient soigneusement les jardins et les terres qu’ils avaient défrichés dans les forêts ou desséchés dans des marais. Ils exécutaient sans répugnance toutes les œuvres serviles des domestiques et des esclaves, et l’enceinte des grands monastères contenait les différens métiers nécessaires pour fournir les habits, les ustensiles, et bâtir les logemens des moines. Les études monastiques ont plus contribué à épaissir qu’à dissiper les ténèbres de la superstition ; cependant le zèle et la curiosité de quelques savans solitaires ont cultivé les sciences ecclésiastiques et même profanes ; et la postérité doit avouer, avec reconnaissance, qu’on leur doit la conservation des monumens de l’éloquence grecque et latine dont leur plume infatigable a multiplié les copies[1] : mais le plus grand nombre des moines, et surtout en Égypte, se livraient à un genre d’industrie moins

    et le père Mabillon (Études monastiques, t. I, p. 116-155) ont examiné sérieusement les travaux et les ouvrages mécaniques des moines, que le premier considère comme méritoires, et le second comme un devoir qu’ils remplissaient.

  1. Mabillon (Études monastiques, t. I, p. 47, 55) a rassemblé plusieurs faits curieux pour démontrer l’utilité des travaux littéraires de ses prédécesseurs dans l’Orient et dans l’Occident. On faisait de fort belles copies des livres dans les anciens monastères de l’Égypte. (Cassien, Instit., l. IV, c. 12.) Les disciples de saint Martin se livrèrent aussi à ce genre de travail. (Sulpice-Sévère, in Vit. S. Martini, c. 7, p. 473.) Cassiodore a donné aux études des moines une grande latitude, et nous ne devons pas être scandalisés de voir leur plume quitter quelquefois saint Augustin et saint Chrysostôme pour Homère et Virgile.