Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 6.djvu/49

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scène fut occupée alors par des farces indécentes, une musique efféminée, ou par le spectacle d’une vaine pompe. Les pantomimes[1], qui soutinrent leur réputation depuis le temps d’Auguste jusqu’au sixième siècle, exprimaient, sans parler, les différentes fables des dieux de l’antiquité ; et la perfection de leur art, qui désarmait quelquefois la sévérité du philosophe, excitait toujours les applaudissemens de la multitude. Les vastes et magnifiques théâtres de Rome avaient toujours à leurs gages trois mille danseuses et autant de chanteuses, avec les maîtres des différens chœurs. Telle était la faveur dont elles jouissaient, que, dans un temps de disette, le mérite d’amuser le peuple les fit excepter d’une loi qui bannissait tous les étrangers de la capitale, et qui fut si strictement exécutée, que les maîtres des arts libéraux ne purent obtenir d’en être dispensés[2].

    pour y lire sa pièce à l’assemblée qu’il y avait invitée. Voyez Dialog. de orationibus, c. 9-11 ; et Pline, epist. VII, 17.

  1. Voyez le Dialogue de Lucien, intitulé De Saltatione, t. II, p. 265-317, édit. Reitz. Les pantomimes obtinrent le nom honorable de χειροσοφοι, et on exigeait qu’ils eussent une teinture de tous les arts et de toutes les sciences. Burette (dans les Mém. de l’Acad. des Inscrip., t. I, p. 127, etc.) a donné une histoire abrégée de l’art des Pantomimes.
  2. Ammien, l. XIV, c. 6. Il se plaint de ce que les rues de Rome sont pleines de filles qui auraient pu donner des enfans à l’état, et qui n’ont d’autre occupation que celle de friser leurs cheveux ; et jactari volubilibus gyris, dum exprimunt innumera simulacra, quæ finxêre fabulæ theatrales.