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Dacie, ces missionnaires travaillèrent avec succès à la conversion de leurs maîtres. Les semences de la doctrine évangélique germèrent insensiblement ; et avant qu’un siècle se fut écoulé, ce pieux ouvrage fut achevé par les travaux d’Ulphilas, dont les ancêtres avaient été transportés d’une petite ville de Cappadoce au-delà du Danube.

Ulphilas, apôtre des Goths. A. D. 360, etc.

Ulphilas, évêque et apôtre des Goths[1], mérita le respect et l’affection des Barbares par sa vie exemplaire et son zèle infatigable. Ils reçurent avec confiance la doctrine de la vertu et de la vérité qu’il prêchait et dont il donnait l’exemple. Ulphilas exécuta la tâche pénible de traduire l’Écriture-Sainte dans leur langue, dialecte de la teutonique ou de celle des Germains ; mais il supprima prudemment les quatre livres des rois, qui auraient pu exciter et autoriser le zèle féroce des Barbares. Son génie modifia et perfectionna ce langage de pâtres et de soldats, peu propre à communiquer des idées métaphysiques. Avant de travailler à sa traduction, Ulphilas avait été forcé de composer un nouvel alphabet de vingt-quatre lettres, quatre desquelles furent inventées par lui pour exprimer des sons inconnus dans la prononciation grecque et latine[2] ; mais la guerre et les

  1. Relativement à Ulphilas et à la conversion des Goths, voyez Sozomène, l. VI, c. 37 ; Socrate, l. IV, c. 33 ; Théodoret, l. IV, c. 37 ; Philostorgius, l. II, c. 5. L’hérésie de Philostorgius semble lui avoir procuré des sources d’instructions plus certaines.
  2. On publia (A. D. 1665) une copie mutilée de la tra-