Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 6.djvu/508

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l’intelligence des nouveaux prosélytes les rendaient peu propres à s’occuper des subtilités métaphysiques ; mais ils défendaient avec fermeté les principes qu’ils avaient pieusement reçus comme la véritable doctrine du christianisme. L’avantage de prêcher et d’interpréter les saintes Écritures en langue teutonique, facilita les succès apostoliques d’Ulphilas et de ses successeurs ; et ils ordonnèrent un nombre suffisant d’évêques et de prêtres pour instruire les tribus de leurs compatriotes. Les Ostrogoths, les Bourguignons, les Suèves et les Vandales, préférèrent à l’éloquence du clergé latin les leçons plus intelligibles de leurs prédicateurs nationaux[1] ; et les belliqueux convertis qui s’étaient établis sur les ruines de l’empire d’Occident, adoptèrent l’arianisme pour leur foi nationale. Cette différence de religion était une source perpétuelle de haine et de soupçons ; au nom insultant de Barbare on ajoutait l’épithète encore plus odieuse d’hérétique ; et les héros du Nord, après avoir adopté avec quelque répugnance une doctrine qui condamnait leurs ancêtres aux supplices de l’enfer[2], apprirent avec autant d’indi-

    infini de septentrionaux, etc. » Salvien (De gubernat. Dei, l. V, p. 150, 151) plaint et excuse cette erreur involontaire.

  1. Orose affirme, dans l’année 416 (l. VII, c. 41, p. 580), que les églises chrétiennes (des catholiques) étaient remplies de Huns, de Suèves, de Vandales et de Bourguignons.
  2. Radbod, roi des Frisons, fut si irrité de cette déclaration que lui fit imprudemment un missionnaire, qu’il retira son pied déjà entré dans les fonts baptismaux. Voyez Fleury, Hist. ecclés., t. IX, p. 167.