Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 6.djvu/513

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Tableau général de la persécution d’Afrique.

Les déclamations violentes des catholiques, les seuls qui aient écrit l’histoire de cette persécution, ne présentent ni le tableau suivi des causes et des événemens, ni aucune vue impartiale sur le caractère et les projets de ceux qui l’ont excitée. Les faits qui méritent la confiance ou l’attention peuvent se réduire aux articles suivans : 1o. Dans une loi d’Hunneric, qu’on peut encore trouver[1], il déclare, et à ce qu’il paraît, avec vérité, avoir transcrit littéralement les règlemens et les punitions prononcés par les édits impériaux contre les assemblées des hérétiques, contre le clergé et les sujets qui rejetaient la religion établie. Si l’équité avait pu se faire entendre, les catholiques auraient été forcés de condamner leur propre conduite passée ou d’approuver la sévérité dont ils étaient les victimes ; mais ils persistaient à refuser aux autres l’indulgence qu’ils réclamaient pour eux-mêmes. Au même moment où ils tremblaient sous la verge de la persécution, ils vantaient la louable sévérité avec laquelle Hunneric faisait brûler vifs ou bannissait un grand nombre de manichéens[2], et refusaient avec horreur l’offre de

  1. Victor, IV, 2, p. 65. Hunneric refuse le nom de catholique aux homoousiens. Il présente comme les véritables Divinæ majestatis cultores, son propre parti, qui professait une foi approuvée par plus de mille évêques dans les synodes de Rimini et de Séleucie.
  2. Victor, II, p. 121, 122. Laudabilior… videbatur. Dans les manuscrits qui omettent ce mot le passage devient inintelligible. Voy. Ruinart, Not., p. 164.