Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 6.djvu/531

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religion dans un exil honorable ; mais des perfidies renouvelées sans succès et à plusieurs reprises, enflammèrent enfin l’indignation du monarque ; il parut cependant signer à regret la sentence de son fils, qui reçut la mort dans la tour de Séville. La fermeté avec laquelle ce prince refusa de sauver sa vie en acceptant la communion arienne, peut excuser les honneurs que l’on rendit à la mémoire de saint Hermenegild. Les Romains retinrent sa femme et son fils dans une captivité ignominieuse, et cette calamité domestique rendit amers les derniers momens de Leuvigild, dont elle ternit la gloire.

Conversion de Recarède et des Visigoths d’Espagne. A. D. 586-589.

Recarède, son second fils, son successeur et le premier roi catholique de l’Espagne, avait adopté les principes religieux de son frère, et il les soutint avec plus de prudence et de succès. Au lieu de se révolter contre son père, Recarède attendit patiemment le moment de sa mort. Au lieu de condamner sa mémoire, il supposa pieusement que le monarque expirant avait abjuré les erreurs de l’arianisme, et recommandé à son fils de travailler à convertir ses sujets. Pour parvenir à ce but salutaire, Recarède convoqua une assemblée du clergé arien et de la noblesse, déclara publiquement qu’il était catholique et les pressa d’imiter l’exemple de leur souverain. Une recherche trop curieuse sur des textes douteux, et des argumens métaphysiques, auraient élevé une controverse interminable ; le monarque ne présenta que deux motifs à son ignorant auditoire, et tous deux d’une nature sensible et positive, la protection