Persécution des Juifs en Espagne. A. D. 612-712.
Les premiers missionnaires qui prêchèrent l’Évangile aux Barbares en appelèrent au témoignage de la raison, et réclamèrent les lois naturelles de la tolérance[1] ; mais dès que leur autorité spirituelle fut établie, ils exhortèrent les rois chrétiens à extirper sans miséricorde les restes des superstitions romaines et barbares. Les successeurs de Clovis condamnèrent les paysans qui refusaient de détruire leurs idoles, à recevoir cent coups de verges ou de courroies. Les Anglo-Saxons punirent les sacrifices aux démons par l’emprisonnement et la confiscation ; et le sage Alfred lui-même[2] adopta comme un devoir indispensable la rigueur des institutions mosaïques ; mais le crime et la punition disparurent peu à peu chez les peuples chrétiens ; une heureuse ignorance suspendit les querelles théologiques, et l’esprit d’intolérance ne trouvant plus d’hérétiques ou d’idolâtres à persécuter, fut réduit à s’exercer contre les Juifs. Cette nation exilée avait fondé quelques synagogues dans les villes de la Gaule ; mais depuis le règne d’Adrien, l’Espagne était peuplée de ses nombreuses colonies[3]. Les ri-
- ↑ Quorum fidei et conversioni ita congratulatus esse rex perhibetur, ut nullum tamen cogeret ad christianismum… Didicerat enim à doctoribus, auctoribusque suæ salutis, servitium Christi volutarium non coactitium esse debere. Bedæ Hist. ecclés., l. I, c. 26, p. 62, édit. Smith.
- ↑ Voy. les Histor. de France, t. IV, p. 114 ; et Wilkins, Leges Anglo-Saxonicæ, p. 11-31. Si quis sacrificium immolaverit præter Deo soli, morte moriatur.
- ↑ Les Juifs prétendent qu’ils furent introduits en Espagne par les flottes de Salomon et les armes de Nébuchad-