Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 6.djvu/54

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Premier siége de Rome par les Goths. A. D. 408.

Tel était l’état de Rome sous le règne d’Honorius, au moment où les Goths en formèrent le siége ou plutôt le blocus[1]. Par une disposition habile de sa nombreuse armée qui attendait avec impatience le moment de l’assaut, Alaric environna toute l’enceinte des murs, masqua les douze principales portes ; intercepta toute communication avec les campagnes environnantes, et, fermant soigneusement la navigation du Tibre, priva les Romains de la seule ressource qui pût maintenir l’abondance en leur procurant de nouvelles provisions. La noblesse et le peuple romain éprouvèrent d’abord un mouvement de surprise et d’indignation, en voyant un vil Barbare insulter à la capitale du monde ; mais le malheur abattit leur fierté. Trop lâches pour entreprendre de repousser un ennemi armé, ils exercèrent leurs fureurs sur une victime innocente et sans défense. Peut-être les Romains auraient-ils respecté dans la personne de Sérène, la nièce du grand Théodose, la tante et la mère adoptive de l’empereur régnant ; mais ils détestaient la veuve de Stilichon, et ils adoptèrent, avec une fureur crédule, la calomnie qui accusait cette princesse d’entretenir une correspondance criminelle avec le mo-

    d’après les mêmes principes, quoiqu’il semble prétendre à une précision qui n’est ni possible ni fort importante.

  1. Relativement aux événemens du premier siége de Rome, que l’on confond souvent avec le second et avec le troisième, voyez Zosime, l. V, p. 350-354 ; Sozomène, l. IX, c. 6 ; Olympiodore, apud Phot., p. 180 ; Philostorgius, l. XII, c. 3 ; et Godefroy, Dissert., p. 467-475.