Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 6.djvu/64

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l’accusait hautement d’être l’auteur des calamités publiques ; mais les intrigues secrètes du palais minaient sourdement sa puissance. Les eunuques favoris firent passer le gouvernement d’Honorius et de l’empire à Jovius, préfet du prétoire, serviteur sans aucun mérite, qui ne compensa point par la fidélité de son attachement les fautes et les malheurs de son administration. L’exil ou la fuite du coupable Olympius le réservèrent à de nouvelles vicissitudes de fortune ; il fut quelque temps exposé à tous les incidens d’une vie errante et obscure, remonta ensuite au faîte des grandeurs, tomba une seconde fois dans la disgrâce et eut les oreilles coupées ; il expira enfin sous les coups de fouet, et son supplice ignominieux offrit un doux spectacle au ressentiment des amis de Stilichon. Après la retraite d’Olympius, dont un des vices était le fanatisme religieux, les hérétiques et les païens furent délivrés de la proscription impolitique qui les excluait de toutes les dignités de l’état. Le brave Gennerid, soldat d’extraction barbare[1], qui suivait encore le culte de ses ancêtres, avait été forcé

  1. Zosime (l. V, p. 364) raconte cette circonstance avec une satisfaction visible, et célèbre le caractère de Gennerid comme le dernier qui fit honneur au paganisme expirant. Le concile de Carthage n’était pas de cette opinion lorsqu’il députa quatre évêques à la cour de Ravenne pour se plaindre d’une loi nouvellement publiée, qui exigeait que toutes les conversions au christianisme fussent libres et volontaires. Voyez Baronius, Annal. ecclésiast., A. D. 409, no 12 ; A. D. 410, nos 47, 48.