Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 6.djvu/71

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

semblèrent réunies par l’alliance et par l’amitié[1].

Attale élu empereur par les Goths et les Romains.

Les portes de la ville s’ouvrirent, et Attale se rendit, environné d’un corps de Barbares, au milieu d’une pompe tumultueuse, au palais d’Auguste et de Trajan. Après avoir distribué à ses favoris et à ses partisans les honneurs civils et militaires, le nouveau monarque convoqua une assemblée du sénat, où il annonça, dans un discours grave et pompeux, le dessein de rétablir la majesté de la république, et de réunir les provinces de l’Égypte et de l’Orient, auxquelles Rome avait si long-temps donné des lois. Ces promesses extravagantes, faites par un usurpateur sans expérience et sans talens pour la guerre, excitèrent le mépris de tous les citoyens sensés, qui regardaient son élévation comme l’injure la plus humiliante que l’arrogance des Barbares eût encore osé faire à la république ; mais la populace applaudissait avec sa légèreté ordinaire à un changement de maître, et le mécontentement public favorisait le rival d’Honorius. Les sectaires, persécutés par ses édits, espéraient trouver un appui ou du moins quelque indulgence chez un prince qui, né en Ionie, avait été élevé dans la religion païenne, et qui avait depuis reçu le baptême des mains d’un évêque arien[2]. Les commencemens du règne d’Attale

  1. Relativement à l’élévation d’Attale, consultez Zosime, l. VI, p. 377-380 ; Sozomène, l. 9, c. 8, 9 ; Olympiodore, apud Phot., p. 180, 181 ; Philostorgius, l. XII, c. 3 ; et Godefroy, Dissertat., p. 470.
  2. Nous pouvons admettre le témoignage de Sozomène