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de leur épée ou de la libéralité des rois mérovingiens[1]. L’angle occidental de l’Armorique prit la nouvelle dénomination de Cornouailles et de Petite-Bretagne ; et les terres vacantes des Osismii se peuplèrent d’étrangers, qui, sous l’autorité de leurs comtes ou de leurs évêques, conservèrent les lois et le langage de leurs ancêtres. Les Bretons de l’Armorique refusèrent aux faibles descendans de Clovis et de Charlemagne de leur payer le tribut accoutumé ; ils envahirent les diocèses voisins de Vannes, Rennes et Nantes, et formèrent un état puissant, bien que reconnaissant la suzeraineté de la couronne de France, à laquelle il fut réuni dans la suite[2].

  1. L’établissement des Bretons dans la Gaule au sixième siècle, est attesté par Procope, saint Grégoire de Tours, le second concile de Tours (A. D. 567), et par la moins suspecte de leurs Chroniques et de leurs Vies des Saints. La signature d’un évêque breton au premier concile de Tours (A. D. 461 ou plutôt 481), l’armée de Riotamus, et les déclamations vagues de saint Gildas (alii transmarinas petebant regiones, c. 35, p. 8), semblent constater une émigration dès le milieu du cinquième siècle. Avant cette époque, on ne trouve les Bretons de l’Armorique que dans des romans ; et je suis surpris que M. Whitaker (Hist. des Bretons, p. 214-221) copie si fidèlement la méprise impardonnable de Carte, dont il a si rigoureusement relevé des erreurs peu importantes.
  2. Les antiquités de la Bretagne qui ont fourni le sujet d’une contestation politique, ont été éclaircies par Adrien de Valois (Notitia Galliarum, sub voce Britannia Cismarina, p. 98-100) ; M. d’Anville (Notice de l’ancienne Gaule, Corisopiti, Curiosolites, Osismii, Vorganium, p. 248, 258, 508,