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les airs ; et par un retour aussi injuste qu’ordinaire à l’opinion publique, notre siècle rejette non-seulement l’histoire d’Arthur, mais incline même à douter de son existence[1].

Désolation de la Bretagne.

La résistance, lorsqu’elle n’arrête pas la conquête, ne peut qu’en aggraver les calamités, et jamais la conquête n’offrit un spectacle plus sanglant que dans les mains des Saxons, qui détestaient la valeur de leurs ennemis, dédaignaient la foi des traités, et profanaient sans remords les objets les plus sacrés du culte des chrétiens. Des monceaux d’ossemens indiquaient presque dans chaque district les champs de bataille. Les fragmens des tours abattues étaient souillés de sang ; à la prise d’Anderida[2], tous les Bretons, sans distinction de sexe ou d’âge, furent massacrés[3] ; et ces atrocités se répétèrent fréquemment sous l’heptarchie saxonne. Les arts et la religion, le langage et les lois que les Romains avaient cultivés en Bre-

  1. M. Thomas Warton a éclairci avec le goût d’un poète et l’exactitude active d’un antiquaire, les progrès des romans et l’état des sciences dans les siècles mitoyens. J’ai tiré des instructions qui m’ont été fort utiles, des deux savantes Dissertations qui se trouvent à la tête de son premier volume de l’histoire de la poésie anglaise.
  2. Andredes-Ceaster ou Anderida, était située, selon Camden (Britannia, vol. I, p. 258), à Newenden, dans les terres marécageuses de Kent, peut-être couvertes jadis des eaux de la mer, et sur le bord de la grande forêt (Anderida) qui couvrait une si grande partie de Sussex et du Hampshire.
  3. Hoc anno (490), Aella et Cissa obsederunt Andredes-