Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/154

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Ordonnez-moi de marcher contre le tyran, à la tête des troupes de ma nation. Si je perds la vie, vous serez débarrassé d’un allié dispendieux et incommode ; si le ciel permet que j’obtienne des succès, je gouvernerai en votre nom et d’une manière glorieuse pour vous, le sénat de Rome et la partie de la république qu’auront affranchie mes armes victorieuses. » La cour de Byzance accepta la proposition de Théodoric, que peut-être elle avait suggérée ; mais il paraît que l’on eut soin de mettre dans l’acte d’autorisation ou de concession des mots ambigus qu’on pouvait expliquer selon les événemens ; et on laissa en doute si le vainqueur de l’Italie gouvernerait cette contrée en qualité de lieutenant, de vassal ou d’allié de l’empereur d’Orient[1].

Sa marche.

La réputation du général et la nature de la guerre répandirent une ardeur universelle. Les Walamirs reçurent sous leurs drapeaux des essaims de Goths déjà engagés au service ou établis dans les provinces de l’empire ; et tous ceux d’entre les Barbares qui avaient de l’audace ou qui avaient entendu parler de la richesse et de la beauté de l’Italie, se montrèrent impatiens de marcher à travers les aventures les plus périlleuses à la conquête de ces séduisans objets de leurs espérances. La marche de Théodoric doit être regardée comme l’émigration d’un peuple entier ; les

  1. Jornandès (c. 57, p. 696, 697) a abrégé la grande histoire de Cassiodore. Il faut voir, comparer et concilier Procope (Goth., l. I, c. 1) ; le Fragment de Valois (p. 718) ; Théophane (p. 113), et Marcellin (in Chron.).