Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/219

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avoir épuisé tout ce que l’art peut ajouter aux plaisirs sensuels[1], elle murmurait encore de la parcimonie de la nature[2] ; mais il faut jeter sur ses murmures, sur ses plaisirs et sur ses raffinemens le voile du langage réservé aux érudits. Au milieu de ces honteux et méprisables triomphes, elle quitta la capitale pour accompagner Ecebole, Tyrien, qui venait d’obtenir le gouvernement de la Pentapole d’Afrique. Cette union dura peu ; Ecebole éloigna bientôt une concubine infidèle ou trop dispendieuse. Arrivée à Alexandrie, elle s’y trouva réduite à une extrême misère ; et dans sa route laborieuse vers Constantinople, la belle Cypriote fit sur son passage jouir de ses attraits toutes les villes de l’Orient auxquelles elle se montra digne d’avoir reçu le jour dans l’île favorite de Vénus. Le libertinage de Théodora et d’odieuses précautions la garantirent du danger qu’elle aurait pu craindre. Elle devint cependant

    entendu dire qu’un savant prélat, qui ne vit plus, aimait beaucoup à citer ce passage dans la conversation.

  1. Théodora surpassait la Crispa d’Ausone (epigr. 71), qui imitait le capitalis luxus des femmes de Nole. (Voy. Quintilien, Instit., VIII, 6, et Torrentius, ad Horat. Sermon., l. I, sat. 2, v. 101.) Elle fit un fameux souper, où, environnée de trente esclaves, elle accorda ses faveurs à dix jeunes gens. Sa charité était universelle.
    Et lassata viris, necdum satiata, recessit.
  2. Ηδε κακ’ τριων τρυπηματων εργαζομενη ενεκαλει τη φυσει δυσφορο‌υμενη οτι δε μη και τιτθο‌υς αυτη ευρυτερον η νυν εισι τρυπωη οπως δυνατη ειη και εκεινή εργαζεσθαι. Elle désirait un quatrième autel où elle pût offrir au dieu d’Amour un sacrifice de plus.