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blissement de sa santé[1]. [Sa mort. A. D. 548. Juin 11.]Enfin elle mourut d’un cancer[2], la vingt-quatrième année de son mariage et la vingt-deuxième de son règne ; et Justinien, qui, à la place d’une comédienne prostituée, aurait pu choisir la plus pure et la plus noble femme de l’Orient, pleura sa perte comme irréparable[3].

Les factions du Cirque.

II. On peut remarquer une différence essentielle dans les jeux de l’antiquité. Les plus qualifiés des Grecs y jouaient un rôle, et les Romains n’y paraissaient que comme spectateurs. Le stade olympique était ouvert à la fortune, au mérite et à l’ambition ; et si les candidats comptaient assez sur leur habileté et sur leur savoir, ils pouvaient marcher sur les traces de Diomède et de Ménélas, et conduire eux-mêmes leurs chevaux dans la carrière[4]. Dix, vingt, qua-

  1. Voy. Jean Malala, t. II, p. 174 ; Théophane, p. 158 ; Procope, de ædific., l. V, c. 3.
  2. Theodora, Chalcedonensis synodi inimica, canceris plagâ toto corpore perfusa, vitam prodigiosè finivit. Victor Tunnunensis, in Chronic. Un orthodoxe n’a point de pitié en pareille occasion. Alemannus (p. 12, 13) ne voit dans l’ευσεβως εκοιμηθη de Théophane que des expressions polies qui ne supposent ni piété ni repentir. Cependant deux ans après la mort de Théodora, Paul Silentiarius (in Præm., V, 58-62) la célébra comme une sainte.
  3. Comme elle persécuta les papes et rejeta les décrets d’un concile, Baronius épuise contre elle les noms d’Ève, de Dalila, d’Hérodias, etc. ; après quoi il a recours au Dictionnaire infernal, civis inferni — alumna dæmonum — satanico agitata spiritû — œstro percita diabolico, etc. A. D. 548, no 24.
  4. Le vingt-troisième livre de l’Iliade nous offre un tableau