Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/243

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

nées, l’Hippodrome à un lugubre silence ; mais avec le rétablissement des jeux[1], on vit recommencer les mêmes désordres ; et les factions des Bleus et des Verts continuèrent à troubler le repos du souverain et la tranquillité de l’empire d’Orient.

Agriculture et manufactures de l’empire d’Orient.

III. Rome était redevenue barbare ; mais l’empire comprenait toujours les nations qu’elle avait conquises au-delà de la mer Adriatique jusqu’aux frontières de l’Éthiopie et de la Perse. Justinien donnait des lois à soixante-quatre provinces et à neuf cent trente-cinq villes[2] ; ses domaines jouissaient de tous les avantages du sol, de la situation et du climat, et les arts n’avaient cessé d’étendre leurs progrès le long des côtes de la Méditerranée et des bords du Nil, de l’ancienne Troie à la Thèbes d’Égypte. L’abondance de l’Égypte avait fourni des secours à Abraham[3]. Ce même pays, compris dans une

  1. Marcellin dit vaguement innumeris populis in circo trucidatis. Procope compte qu’on immola trente mille victimes. Théophane dit qu’on en égorgea trente-cinq mille ; ce nombre a augmenté depuis jusqu’à quarante sous la plume de Zonare. Tel est le progrès ordinaire de l’exagération.
  2. Hieroclès, contemporain de Justinien, composa son Συνδεχμος (Itineraria, p. 631), ou revue des provinces et des villes de l’Orient, avant l’année 535. (Wesseling, in Præfat. et Not. ad p. 623, etc.)
  3. Voyez le Livre de la Genèse, XII, 20, et les détails sur l’administration de Joseph. Les Annales des Grecs et des Hébreux sont d’accord sur les arts et l’abondance de l’Égypte à des époques très reculées ; mais cette antiquité suppose une longue suite d’améliorations ; et Warburton, pres-