Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/245

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laient pour le logement, les habits et la table de chaque Romain. On a pieusement attribué aux dieux l’invention du métier de tisserand et de la quenouille ; mais dans tous les siècles l’homme, pour se couvrir et se parer, a exercé son industrie sur des productions animales et végétales, sur les poils, sur les peaux, sur la laine, sur le lin, sur le coton, et enfin sur la soie. On avait appris à les imprégner de couleurs durables, et d’habiles pinceaux ajoutaient un nouveau prix aux étoffes qui sortaient des mains du fabricant. On suivait la fantaisie et la mode dans le choix de ces couleurs qui imitent la beauté de la nature[1] ; mais la pourpre foncée qu’on tirait d’un coquillage était réservée à la personne sacrée de l’empereur, à l’usage du palais[2], et les sujets ambitieux qui osaient usurper cette prérogative du

  1. Voy. dans Ovide (De arte amandi, III, 269) une description poétique des douze couleurs, tirées des fleurs, des élémens, etc. Au reste, il est presque impossible d’exprimer avec des mots les nuances délicates et variées de l’art et de la nature.
  2. La découverte de la cochenille., etc., a donné à nos couleurs une grande supériorité sur celles des anciens. Leur pourpre royale avait une odeur très-forte et une teinte aussi foncée que le sang de bœuf. Obscuritas rubens, dit Cassiodore (Var., 1, 2), nigredo sanguinea. Le président Goguet (Origine des Lois et des Arts, part. II, l. II, c. 2, p. 184-215) procurera de l’amusement et de la satisfaction aux lecteurs. Je ne crois pas que son livre soit aussi connu, du moins dans la Grande-Bretagne, qu’il mérite de l’être.