Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/265

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

turiers de Tyr et de Béryte, fut réduit à la dernière misère ; les uns moururent de faim, les autres se réfugièrent dans la Perse. » Il est possible qu’une province ait souffert du déclin de ses manufactures ; mais relativement à la soie, le partial Procope oublie entièrement l’inestimable et durable avantage que procura à l’empire la curiosité de Justinien. On doit aussi juger avec un esprit dépouillé de préventions, l’augmentation du septième qu’ajouta ce prince au prix ordinaire de la monnaie de cuivre. Cette altération, dont les motifs furent peut-être sages, paraît avoir été du moins innocente, puisqu’on ne changea point le titre et qu’on n’augmenta point la valeur de la monnaie d’or[1], qui était la mesure légale des payemens publics et particuliers. [Vénalité.]5o. L’ample juridiction qu’obtinrent les fermiers du revenu pour remplir leurs engagemens, se présente sous un jour plus odieux ; il semblait qu’ils eussent acheté de l’empereur la fortune et la vie de leurs concitoyens. En même temps, on trafiquait ouvertement au palais des emplois et des dignités, par la permission ou du

  1. Après cette opération de Justinien, l’aureus ou la sixième partie d’une once d’or, qui avait valu jusque alors deux cent dix folles ou onces de cuivre, n’en valut plus que cent quatre-vingts. Les espèces de cuivre se trouvant au-dessous du prix du marché, auraient bientôt produit une disette de petite monnaie. Aujourd’hui douze pence d’Angleterre en cuivre ne valent réellement que sept pence. (Voyez Smith, Recherches sur la richesse des nations, vol. I, p. 49 de l’original). Quant à la monnaie d’or de Justinien, voyez Evagrius, l. IV, c. 30.