Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/274

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mieux croire à la découverte des plus grands mathématiciens de l’antiquité, que d’attribuer le mérite de cette fiction aux vaines imaginations d’un moine ou d’un sophiste. Une autre version dit que Proclus brûla les vaisseaux des Goths avec du soufre[1]. Dans une imagination moderne, le nom de soufre mène tout de suite à l’idée de la poudre à canon, et les talens mystérieux d’Anthemius[2], disciple de Proclus, semblent fortifier ce soupçon. Un citoyen de Tralles, ville d’Asie, avait cinq fils qui se distinguèrent tous dans leurs professions respectives. Olympius se rendit fameux dans la connaissance et la pratique des lois romaines ; Dioscorus et Alexandre devinrent d’habiles médecins ; mais le premier employa ses talens en faveur de ses concitoyens : son frère, plus ambitieux, vint chercher à Rome la gloire et la fortune. La réputation du grammairien Métrodore, et d’Anthemius, grand mathématicien et grand architecte, parvint aux oreilles de Justinien, qui les appela à Constantinople ; et tandis que l’un enseignait l’éloquence aux jeunes gens de la capitale, l’autre remplissait la capitale et les provinces des

    public, s’il eût eu, pour l’aider, l’or du souverain et le soleil ardent de Constantinople ou de Syracuse !

  1. Jean Malala (t. II, p. 120-124) raconte le fait ; mais il paraît confondre les noms ou les personnes de Proclus et de Marinus.
  2. Agathias, l. V, p. 149-152. Procope (De ædific., l. I, c. 1) et Paulus Silentiarius (part. I, p. 134, etc.), donnent de grands éloges aux talens d’Anthemius comme architecte.