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chauds d’Anchyalus en Thrace, où des eaux salutaires attiraient un grand concours ; mais la cavalerie des Scythes fourrageait les riches pâturages de Thessalonique. La délicieuse vallée de Tempé, à trois cents milles du Danube, était sans cesse épouvantée du son de la trompette[1] ; et les lieux ouverts, quelque éloignés ou quelque isolés qu’ils fussent, ne pouvaient jouir en sûreté des douceurs de la paix. Justinien renforça avec soin le défilé des Thermopyles, qui, en paraissant protéger la liberté de la Grèce, l’avait si souvent livrée. Une forte muraille, qui commençait au bord de la mer, et se prolongeait à travers les forêts et les vallées jusqu’au sommet des montagnes de Thessalie, enferma toutes les entrées ; ce rempart, qui n’avait pour défense qu’une troupe de paysans levés à la hâte, reçut une garnison de deux mille soldats : on y établit, pour leur usage, des magasins de blé et des réservoirs d’eau ; et par une précaution qui inspirait la lâcheté en paraissant la prévoir, on eut soin de préparer des forteresses pour les recevoir en cas de retraite. On répara les murs de Corinthe renversés par un tremblement de terre, ainsi que les boulevarts d’Athènes et de Platée qui tombaient en ruines. L’aspect de tant de forte-

  1. La vallée de Tempé est située le long du Pénée, entre l’Ossa et l’Olympe. Elle n’a que cinq milles de longueur, et en quelques endroits sa largeur n’est pas de plus de cent vingt pieds. Pline décrit avec élégance sa belle verdure et ses charmes (Hist. nat., l. IV, 15) ; et Ælien en fait une autre description plus diffuse (Hist. Varior., l. III, c. 1).