Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/299

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et la promesse qu’Édesse ne serait jamais prise, attribuée faussement au Fils de Dieu, remplissait les citoyens d’une confiance valeureuse, et glaçait par l’incertitude et la crainte le courage des assiégeans[1]. On fortifia avec soin les villes intérieures de l’Arménie et de la Mésopotamie ; et tous les postes placés de manière à commander quelques passages, soit sur terre, soit de rivière, furent garnis de forts solidement bâtis en pierre ou élevés plus à la hâte avec de la terre et de la brique. Justinien examinait toutes les positions, et ses dangereuses précautions purent attirer quelquefois la guerre dans quelques vallées écartées dont les paisibles habitans, unis entre eux par le commerce et l’alliance des familles, ignoraient la discorde et les querelles des deux états. À l’ouest de l’Euphrate, un désert sablonneux se prolonge jusqu’à la mer Rouge, dans un espace de plus de six cents milles. La nature avait opposé de chaque côté cette solitude aux ambitieuses entreprises de deux empires rivaux. Avant Mahomet, les Arabes ne furent redoutables qu’en qualité de voleurs, et au milieu de l’orgueilleuse sécurité qu’inspirait la paix, on négligea les fortifications de la Syrie, c’est-à-dire,

  1. Procope (Persic., l. II, c. 12) raconte cette histoire avec le ton moitié sceptique, moitié superstitieux d’Hérodote. La promesse ne se trouve pas dans le premier mensonge d’Eusèbe, mais elle date au moins de l’année 400 ; et on fabriqua bientôt un troisième mensonge, la Veronica, sur les deux premiers. (Evagrius, l. IV, c. 27). Comme Édesse a été prise, Tillemont doit nécessairement nier cette promesse. Mém. ecclés., t. I, p. 362, 383, 617.