Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/310

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les hommes ; des maîtres allaient instruire l’Italie et l’Asie. Béryte, dans des temps postérieurs, se dévouait à l’étude des lois ; on cultivait l’astronomie et la médecine dans le musée d’Alexandrie ; mais depuis la guerre du Péloponnèse jusqu’au règne de Justinien, pour l’étude de la rhétorique et de la philosophie, les écoles d’Athènes conservèrent leur supériorité : Athènes, située sur un sol stérile, devait ses avantages à un air pur, à une libre navigation et à la possession des chefs-d’œuvre de l’antiquité. Le commerce ou les affaires de l’administration troublaient rarement cette retraite sacrée ; et les derniers des Athéniens se faisaient remarquer par la vivacité de leur esprit, par la pureté de leur goût et de leur langage, par leurs mœurs sociales, et par quelques restes, au moins dans leurs discours, de la magnanimité de leurs aïeux. L’académie des platoniciens, le lycée des péripatéticiens, le portique des stoïciens, et le jardin des disciples d’Épicure, situés dans les faubourgs de la ville, étaient plantés d’arbres et ornés de statues ; les philosophes, au lieu d’être enfermés dans un cloître, faisaient entendre leurs leçons dans des promenades agréables et spacieuses qui, selon les différentes heures du jour, étaient consacrées aux exercices du corps ou à ceux de l’esprit. Le génie des fondateurs respirait encore dans ces lieux sacrés. Le désir de succéder aux maîtres de la raison humaine, excitait une généreuse émulation ; et les libres suffrages d’un peuple éclairé fixaient à chaque mutation le mérite des candidats. Les professeurs