Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 7.djvu/340

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mière occasion de les débarquer en Afrique, et il eut la sagesse de rejeter la proposition qu’on avait faite dans le conseil de guerre, de conduire la flotte et l’armée dans le port de Carthage. Trois mois après le départ de Constantinople, les soldats, les chevaux, des armes et des munitions de guerre se trouvèrent débarqués en sûreté sur la côte. On laissa cinq hommes à bord de chacun des navires qu’on rangea en demi-cercle : l’armée prit sur la côte un camp qu’on environna d’un fossé et d’un rempart, selon l’ancien usage ; et la découverte d’une source d’eau douce, en venant soulager la soif des soldats, leur inspira une confiance superstitieuse. Le lendemain, quelques-uns des jardins des environs ayant été pillés, Bélisaire, après avoir châtié les coupables, saisit cette occasion légère, mais décisive, pour pénétrer ses troupes des principes de l’équité, de la modération et de la bonne politique. « Lorsque je me suis chargé, leur dit-il, du soin de subjuguer l’Afrique, j’ai moins compté sur le nombre ou même sur la bravoure de mes troupes, que sur la disposition amicale des naturels du pays, et la haine immortelle qu’ils portent aux Vandales. Vous pouvez seuls m’ôter ce moyen de succès, si vous continuez à enlever par force ce que vous obtiendriez avec un peu d’argent ; de pareilles violences réconcilieront ces implacables ennemis, et ils formeront une juste et sainte ligue contre nous qui venons envahir leur contrée. » Une discipline sévère, dont l’armée elle-même sentit bientôt et reconnut les heureux effets, ajouta une nouvelle